Louise travaille dans un atelier partagé au Bazaar Saint So, lieu dédié aux activités créatives et porteuses de valeurs sociales à Lille.
« J’ai grandi dans un milieu créatif : mon père était architecte et ma mère avait créé le premier dépôt-vente de vêtements à Lille, avec de très belles pièces de couturiers et de créateurs. J’ai donc baigné dans un milieu tourné vers les arts, l’architecture et la mode.
Après un bac littéraire, je me suis naturellement tournée vers les arts appliqués et j’ai découvert le design textile, qui a été pour moi une révélation : on peut collaborer avec plein d’autres métiers que la mode. Et j’adore le motif, les imprimés.
J’ai d’abord travaillé dans quelques entreprises de la région, puis j’ai eu envie de créer des produits plus proches de mes préoccupations et de mes valeurs. J’ai donc décidé de créer des accessoires qui me correspondaient, tout en suivant le processus entier, de la création à la fabrication.
Ce que j’aime avec les foulards, c’est le format carré, comme une page blanche qui permet de laisser libre cours à mes inspirations et mes envies.
Le foulard en soie, c’est un objet qu’on transmet, qu’on va garder toute une vie. J’ai moi-même des foulards qui viennent de ma grand-mère. Et puis, le travail de la soie implique une certaine qualité et une valeur. C’est un accessoire très classique, que j’avais envie de remettre au goût du jour en proposant une lecture plus actuelle, avec des motifs contemporains.
J’ai toujours été intéressée par les questions de fabrication et de perpétuation de savoir-faire. Je collabore avec une entreprise de la région lyonnaise, région historique du travail de la soie. Cette entreprise est labellisée « Entreprise du patrimoine vivant« , un label attribué aux entreprises qui perpétuent des savoir-faire d’exception et des techniques anciennes.
Ce qui me plait avec les accessoires, c’est le côté « art utilitaire« , car on crée des choses qui vont être portées. J’aime cette relation à l’usage.
Je suis très inspirée par les courants du Bauhaus et du Modernisme : des courants dans lesquels il n’y avait plus de hiérarchie entre les arts « majeurs » et les arts appliqués. Pour moi aussi les différents arts sont de la création qui doit cohabiter, se répondre et s’influencer mutuellement.
Mon premier foulard a été le foulard « Living room », inspiré du travail de Charlotte Perriand, mon artiste et designer préférée. J’admire son travail et son parcours.
Mes inspirations sont issues de l’art, en particulier de l’architecture, la photographie et le cinéma, que je réinterprète à ma façon. Je me considère plus comme une designer que comme une créatrice de mode, car je ne me reconnais pas dans la temporalité de la mode qui veut qu’un vêtement soit vite démodé.
Je crée une collection que j’ai voulue intemporelle et qui vient s’enrichir au fur et à mesure de nouveaux modèles.
A travers mes foulards, je recherche la transmission d’une histoire et d’un vêtement qui dure, tant par la qualité que le style.
C’est une production raisonnée, en petite série et à un prix juste compte tenu de la qualité et du lieu de fabrication. C’est cela mon plus gros défi, face à des mastodontes ou des concurrents qui ne se préoccupent pas forcément des conditions de fabrication, ce qui fausse les prix du textile.
Dans un accessoire, il y a énormément d’étapes de fabrication, et la conscience que cela a un certain coût a malheureusement été perdue.
Je porte certains modèles plus que d’autres, en fonction des couleurs qui vont m’aller mieux que d’autres. Dernièrement, je porte surtout le « Loggia », mon dernier modèle qui est inspiré de la Cité radieuse de Le Corbusier à Marseille. »
Propos recueillis par Elise Lecocq, stagiaire à la galerie, le 16/05/23
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